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Transmettre son exploitation de bovins à viande

Entre 2014 et 2021, la valeur du cheptel en bovins à viande dans l'étude de l'Idele est passée de 267 500 euros à 284 300 euros.

L’Institut de l’élevage a analysé la transmissibilité des fermes spécialisées en bovins à viande en prenant en compte la santé économique, l’endettement et les capitaux mobilisés.

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D’après le recensement agricole de 2020, 54 % des éleveurs de bovins à viande ont plus de 50 ans. Le réseau Inosys a analysé les résultats technico-économiques de 150 fermes spécialisées en bovins à viande sur la période de 2014 à 2021.

En moyenne, les fermes étudiées detenaient 94 vaches en 2014 et 102 en 2021, soit 7 % de plus. La SAU est passée de 142 à 156 hectares sur la période, et la surface fourragère principale de 125 à 138 hectares. Selon l’étude, le capital en valeur brute est de 641 900 euros dans les exploitations spécialisées étudiées.

Le poids du cheptel dans l'actif a augmenté

Le cheptel pèse pour plus de la moitié de l’actif total et la valeur de ce dernier est passée de 267 500 euros en 2014 à 284 300 en 2021. En moyenne, sur huit ans (2014-2021), l’actif total est composé à 44 % du cheptel, à 16 % du parc matériel et installations, à 14 % des bâtiments et à 26 % « autres », regroupant des éléments tels que le foncier, les parts sociales et les créances. Mais cette répartition se modifie avec l’évolution du prix des animaux.

« Dans le cas d’une vente en 2024, le cheptel est passé de 2 100 euros par vache en novembre 2024 lors de l’estimation, à 3 500 euros à la fin de l’été 2025, selon le cours du marché, soit 100 000 euros de plus pour le cheptel. Cela rajoute 9 000 euros par annuité sur un emprunt pour quinze ans pour un repreneur », explique Christophe Bossaron, conseiller en transmission à la chambre d’agriculture de la Nièvre.

Un secteur à la rentabilité économique malmenée

Selon l’étude de l’Idele, sur une ferme en bovins à viande, pour produire 1 euro d’EBE (excédent brut d’exploitation) en 2021, il faut mobiliser 7,72 euros d’actif. Ce résultat est confirmé par la seconde étude menée sur la durabilité des élevages de ruminants qui poursuit l’analyse jusqu’en 2022.

« C’est le rapport le plus élevé toutes filières confondues, c’est une caractéristique de la filière du bovin à viande. La rentabilité économique est donc un enjeu central. Les prix de marché s’améliorent mais nous ne savons pas si cela va se maintenir dans le temps », analyse Laurence Echevarria, animatrice du réseau Inosys à l’Idele.

Concernant la santé économique, l’EBE reste stable sur la période étudiée par l’Idele, autour de 50 800 euros en moyenne, mais le revenu disponible est faible : moins de 40 % des éleveurs spécialisés de l’étude sont en capacité de dégager deux Smic nets par unité de main-d’œuvre exploitante. Quant au taux d’endettement, il est autour de 32,5 %.

Valeur économique et valeur patrimoniale

La question du revenu prévisionnel est centrale pour le futur repreneur. « Nous faisons une étude prévisionnelle avec une projection sur cinq ans pour déterminer la viabilité du projet de reprise. Or, avec les prix du marché, les cédants se basent sur la valeur économique actuelle, en 2025 », observe Christophe Bossaron. L’écart entre valeur patrimoniale et valeur économique s’accroît et ne facilite pas la reprise.

C’est le même constat pour Jean- Christophe Vidal, conseiller en études et références à la chambre d’agriculture de l’Aveyron : « Les charges se sont stabilisées ces dernières années et le potentiel économique s’est amélioré. Le prix de vente est plus favorable pour le vendeur mais l’investissement initial est plus élevé pour le repreneur. Je ne sais pas si, finalement, le contexte est plus favorable ou moins favorable pour la transmission, car la prise de risque est plus importante. »

Garder un outil fonctionnel

Pour faciliter la transmission, « je conseillerai de garder un outil de production fonctionnel avec un bon entretien du cheptel mais de relativiser les investissements pour faciliter la reprise », déclare Laurence Echevarria. « Il faut se renseigner sur les taux d’intérêt pour emprunter et les aides à l’installation qui diffèrent d’une région à l’autre », ajoute Jean-Christophe Vidal.

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